mardi 5 juillet 2016

Mort de Michel ROCARD



Homme d’État, européen, premier ministre, chef de parti, écologiste converti mais aussi penseur de la gauche et de la démocratie... Michel ROCARD, qui nous a quittés ce samedi à l'âge de 85 ans, n'était pas homme à se laisser enfermer dans une seule case.

La Ministre de la Santé Marisol TOURAINE lui a rendu un hommage simple, mérité et chaleureux :

« C’est avec une intense émotion et une profonde tristesse personnelle que j’apprends la mort de Michel ROCARD. Il a joué un rôle décisif à gauche, pour que celle-ci se modernise et s’inscrive dans son temps. Comme tous les précurseurs, il a affronté la méfiance. Éternel jeune homme, il poursuivait inlassablement son combat pour une gauche  rénovée mais déterminée dans la bataille contre les inégalités. Ce soir, je pense aussi à l’homme qui m’a fait confiance, qui m’a donné envie de m’engager en politique et m’a toujours impressionnée par son intelligence et sa bienveillance. »




Au moment de la guerre d’Algérie il avait rompu avec la SFIO. Avec Edouard DEPREUX qui avait créé le Parti Socialiste Autonome (PSA), il avait participé à l’organisation du Parti Socialiste Unifié (PSU).
A l’époque militant syndical étudiant, et membre des Étudiants Communistes je l’ai connu au travers de cette organisation nouvelle qu’était le PSU.
Le PSU, organisation à laquelle je n’étais pas adhérent, militait pour l’indépendance de l’Algérie, et nous avions des réunions communes. Je me souviens qu’Il était très opposé à l’action de ces militants que l’on désignait alors comme étant « les porteurs de valises du FLN », ce qui avait alors suscité des conflits au sein même du PSU.
Plus tard, personnellement – au temps où j’étais adhérent du Parti Socialiste – je n’ai jamais été « rocardien » mais je dois lui reconnaître le mérite d’avoir voulu réformer notre vie publique.

Sur les problèmes de l’immigration les médias rappellent à l’envie cette expression tronquée " La France ne peut accueillir toute la misère du monde...", je dis tronquée car il avait précisé sa pensée en affirmant " la France assumera sa juste part du combat contre la misère du monde."

C’est ce raisonnement qui le mènera à soutenir le Brexit, il considérait que cela pouvait être une chance pour l’Europe de se réinventer, nous en reparlerons dans un prochain article.

Internationaliste et fervent européen, eurodéputé pendant dix ans il confiait peu avant sa mort 
 " L'Europe est en train de disparaître. La présence de la Grande-Bretagne depuis 1972 dans l'Union européenne nous interdit d'avancer. La Grande-Bretagne a assidûment poussé à tous les élargissements possibles en bloquant toute accélération d'intégration. Donc, je souhaite le Brexit. Mais il n'est pas sûr que nous sachions en profiter ".
Social-démocrate, mais pas social libéral, toute sa vie, Michel ROCARD chercha à incarner une vision rénovée de la gauche, portée par une forte exigence morale, prenant en compte " les contraintes de l'économie mondialisée " sans " renoncer aux ambitions sociales ". Adversaire du capitalisme et de la " finance folle " mais allergique au communisme, ce théoricien de la " deuxième gauche " se voulait un trait d'union entre le socialisme de gestion et le gauchisme.
Adepte du compromis et du dialogue social, il n'en fut pas moins contraint de recourir sans compter à l'article 49-3 pour gouverner. La France lui doit des mesures sociales qui ont marqué l'histoire sociale du pays, à commencer par l'introduction du Revenu minimum d'insertion (RMI). " Tant qu'il ne sera pas possible de garantir à chacun un emploi, il faudra, à titre de réparation, garantir à chacun un revenu ", expliquait-il alors.

Il a toujours eu un langage de vérité, même si cela allait à l’encontre du « politiquement correct », il avait la carrure d’un Homme d’État, mais sa rivalité avec François MITTERRAND ne lui a pas permis d’accéder à la fonction présidentielle.
Incontestablement il aura marqué notre histoire nationale comme il aura marqué l’histoire politique de notre pays.

3 commentaires:

  1. latapie.gilbert@gmail.com6 juillet 2016 à 01:02

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  2. Je viens de prendre connaissance de l’article que vous consacrez sur votre Blog au décès de Michel ROCARD. Votre article est intéressant, et rappelle succinctement la vie politique de cet homme qui mérite un hommage. Cependant vous avez omis de parler de sa contribution au retour à la Paix en Nouvelle Calédonie. Pour être précis c’est le 10 juin 1988 qu’il est nommé au poste de Premier Ministre, et depuis le massacre de la grotte d’Ouvéa la Nouvelle Calédonie est au bord de la guerre civile. Il lui faut à tout prix désamorcer cette situation explosive. Il est impératif de trouver une solution acceptable par les parties en présence : loyalistes et indépendantistes. Il réussira en à peine un mois et demi à parvenir à un accord qui permettra le retour à la Paix. Plus tard – parlant des accords de Matignon – il dira : « C’est un des plus beaux souvenirs de ma vie politique ». Je pense que cette action devait être mentionnée.
    Par ailleurs j’ai noté que vous faisiez référence à votre activité politique du temps où vous étiez étudiant. A ce propos j’y relève que vous mentionnez votre appartenance à cette époque à une organisation communiste. Ainsi donc après votre passage au Parti Communiste vous adhérez au Parti Socialiste. L’on peut donc s’interroger sur votre évolution future.

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    1. Par suite d’une fausse manÅ“uvre que je vous demande de bien vouloir excuser j’ai effacé votre commentaire. Merci de me l’avoir ré adressé.
      Oui vous avez raison de rappeler l’action de Michel ROCARD au moment des graves troubles de Nouvelle Calédonie. Ce fut en effet une action importante qui a permis de sauvegarder la Paix dans cette région, même si certains ont tenté par la suite de faire échouer ces accords.
      Pour ce qui est de mon « évolution politique » comme vous le dites si aimablement, je voudrais vous rassurer : mes convictions n’ont pas varié d’un iota je suis toujours de gauche, cependant je voudrais vous rappeler à mon tour que l’organisation des Étudiants Communistes n’avaient rien à voir avec le Parti qui ne nous dictait aucune règle de conduite. Nous avions une totale liberté d’action et de réflexion, au grand dam il est vrai de certains responsables du P.C. qui ne voyaient en nous que quelques étudiants turbulents et trop contestataires de la ligne du P.C.
      Enfin je voudrais aussi vous dire qu’à la différence de certains anciens Présidents de la République je n’ai jamais vendu « L’Humanité Dimanche ». Je pense bien évidemment à Georges POMPIDOU et Jacques CHIRAC qui eux ont évolué à mon avis … dans le mauvais sens.

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