Dans une précédente publication (04/10/2020)
j’évoquais les problèmes liés à la fonte du permafrost et l’apparition de trous
dans les terres sibériennes. J’indiquais entre autre que ces
« phénomènes » liés à la fonte du permafrost risquaient d’entrainer
la diffusion de nouvelles bactéries encore inconnues voire de nouveaux virus et
donc le risque d’apparition de nouvelles maladies.
La réalité est que le permafrost fond, tout comme
une partie de la banquise, du fait du réchauffement climatique que certains
responsables politiques veulent ignorer.
Voici donc une publication intéressante et
inquiétante.
Ces trous gigantesques apparaissent à travers la Sibérie.
Mais pourquoi?
Sciences & Tech
14 oct 2020
Nikolaï CHEVTCHENKO
Les scientifiques disent que les cratères apparaissent
au hasard et qu'il est difficile de prédire l'emplacement de la prochaine
«explosion». Qu'en est-il vraiment?
Lorsqu'une cavité géante – qui, vue d'en
haut, ressemble à un trou menant au centre de la Terre – a été découverte pour
la première fois en 2013 sur la péninsule de Yamal, dans la toundra sibérienne
sauvage, les spéculations sur ses origines se sont multipliées. Les gens ont
attribué ce phénomène mystérieux à l'activité secrète des militaires, à
l'impact d'une météorite et même à l'atterrissage d'un OVNI.
Bien que, contrairement aux habitants,
les scientifiques se soient abstenus d'attribuer l'origine de ces trous
énigmatiques à des activités paranormales ou extraterrestres, ils étaient
néanmoins perplexes.
« Lorsque mes collègues ont entendu parler
pour la première fois de tous les débris qui gisaient à des centaines de mètres
du cratère, ils ne pouvaient pas croire que c'était un processus naturel.
[Certains d'entre eux] pensaient que c'était peut-être une météorite, une
explosion technogène ou des essais d'armes. Il y avait eu toutes sortes de
pensées avant que nous ne déterminions que c'était causé par un processus
naturel », a déclaré Evgueni TCHOUVILINE, chercheur en
chef au Centre d’extraction des hydrocarbures de l'Institut de science et de
technologie de Skolkovo, qui s'est récemment rendu sur le site d'un cratère
découvert au cours de l'été 2020.
Un cratère sur la péninsule de Yamal (Grand Nord sibérien),
photographié en août 2014 Crédit photo AFP
Cratères de souffle géants
Evgueni TCHOUVILINE vient d’achever une
expédition visant à mesurer le trou nouvellement formé dans le permafrost
sibérien.
Le nouveau gouffre, qui a été
accidentellement découvert au cours de l'été 2020 par une équipe de télévision
russe survolant la toundra sibérienne, était profond de 30 mètres et large de
20. L’on peut être surpris d’apprendre qu'un cratère aussi géant ait été
découvert « accidentellement », mais en réalité, en raison de la
faible densité de population, la plupart des trous du même type dans la région
sont en effet découverts involontairement, soit par des éleveurs de rennes
locaux, soit par des scientifiques lors d'expéditions qui ne sont pas liées aux
cratères.
Les chercheurs utilisent des images
satellites pour obtenir des estimations approximatives du nombre de ces trous
dans la région. « Selon
le professeur [Vassili] BOGOÏAVLENSKI [professeur à l'Institut de recherche sur
le pétrole et le gaz de l'Académie des sciences de Russie], qui utilise des
photos satellites pour établir des statistiques, le cratère récemment découvert
est le dix-septième », précise Evgueni TCHOUVILINE.
Les scientifiques ont une compréhension générale de la
façon dont les trous apparaissent. Essentiellement, ces cratères se forment
lorsqu'une quantité importante de méthane remplit d'énormes cavités naturelles
sous la surface de la terre et explose, en raison d'une étincelle générée par
la friction des roches.
Les scientifiques pensent que le changement climatique
contribue également à l'augmentation du nombre d'explosions dans la région.
Lorsque la température moyenne augmente, la couche de permafrost (sol
constamment gelé) cesse d'être aussi robuste qu'auparavant et, à certains endroits,
elle cède à la pression intérieure. La surface de la Terre se déforme alors
qu'une colline apparait sous la pression du sous-sol, puis une explosion
soudaine libère une grande quantité d’énergie qui détruit la butte et laisse un
cratère de ce type.
Durant l’expédition de l’été 2020 – Crédit Photo Evgueni
Tchouviline
Prévoir la prochaine explosion
Bien que les scientifiques aient une
compréhension générale de ce processus unique, ils peinent encore à prévoir les
futures explosions – une lacune qui pourrait s’avérer coûteuse. Bien que la
zone marquée par les explosions passées soit en grande partie inhabitée, des
infrastructures d'extraction de gaz et de petites communautés locales y sont
présentes.
La science explore donc la possibilité
qu'un jour, il soit possible d'identifier les futures explosions en observant
les indices que la zone arbore. « Les
scientifiques qui ont étudié les images satellitaires ont découvert qu'avant la
formation d'un cratère, une colline à croissance rapide apparaît. La colline
grandit jusqu'à ce que certains indicateurs critiques soient dépassés, puis
elle explose. Celles-ci se forment principalement dans des zones difficiles
d'accès et il est difficile d'observer le cycle complet »,
décrit Evgueni TCHOUVILINE.
Jusqu'à présent, les scientifiques
doivent collecter davantage d'échantillons du sol et effectuer des tests pour
valider les modèles existants – un processus compliqué par le fait que les
cratères étudiés se transforment rapidement en lacs car les eaux souterraines
les remplissent après l’explosion.
Les entreprises industrielles qui
extraient du gaz dans la région sont par conséquent des alliés potentiels pour
les scientifiques qui étudient les cratères. Les explosions aléatoires
présentant un certain danger pour leurs coûteuses infrastructures, il pourrait
être dans leur intérêt de contribuer à faire avancer la cause des chercheurs.
Source : Russia Beyond
Nikolaï Chevtchenko