Pour l’historien Roger MARTELLI :
« La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer »
La Commune de Paris est dans l’histoire sociale le premier pouvoir qui se fonde sur des valeurs de démocratie sociale.
Période révolutionnaire et insurrectionnelle de l'histoire de Paris la Commune de Paris dura un peu plus de deux mois, du 18 mars 1871 à la « Semaine sanglante » du 21/28 mai 1871.
Cette insurrection se refusait à reconnaître le gouvernement issu de l'Assemblée nationale, qui venait d'être élue au suffrage universel dans des conditions pour le moins discutable.
Depuis septembre 1870 l’armée prussienne encercle Paris dont la défense est assurée par la Garde Nationale.
Face à la pression des parisiens Léon GAMBETTA proclame la déchéance de l’empereur. Quelque temps plus tard, à l’Hôtel de Ville de Paris avec Jules FERRY et Jules FAVRE, la République sera proclamée. Un Gouvernement de défense nationale est alors mis en place.
La défaite militaire française à Sedan scelle la défaite française et la fin du siège de Paris le 28 janvier 1871. Un armistice est signé à Versailles.
Le 18 mars 1871, les bataillons de la garde nationale s’emparent du pouvoir dans une capitale que les autorités ont désertée.
« Exténuée par un siège de quatre mois, écrasée d’humiliation par la défaite devant les Prussiens », selon les mots de l’historien Jacques ROUGERIE, la capitale se soulevait contre une Assemblée nationale monarchiste.
Une barricade près de l’Hôtel de ville, à Paris, en avril 1871. ADOC-PHOTOS / DH
De nouvelles élections ont lieu et désignent une majorité de républicains les plus à gauche. Cette nouvelle Assemblée se réunit régulièrement pendant 54 jours dont 48 occupés par la guerre civile.
« Des valeurs qui sont les nôtres aujourd’hui »
Au cours de cette brève période, en même temps qu’elle fait la guerre, la Commune remet en marche les administrations, fait fonctionner les services publics, organise le ravitaillement et les soins aux blessés, assure la sécurité dans les rues.
Dans l’esprit de la « République démocratique et sociale » que la révolution de 1848 a promue avant elle, elle met en application ce que ses responsables ont annoncé. Elle confirme le moratoire des loyers dus pendant une partie du siège de Paris, décide la restitution partielle des objets déposés au mont-de-piété, réquisitionne les logements abandonnés par leurs propriétaires après le 18 mars. Elle procède de même pour les ateliers abandonnés, dont elle veut confier la gestion aux travailleurs eux-mêmes. Elle soumet les marchés publics à des contraintes sociales strictes.
C’est là une tentative unique de République indépendante s’appuyant sur la démocratie directe mais qui sera écrasée au cours d’une « semaine sanglante »
C’est à l’issue de l’écrasement de la Commune que sont mises en place des pratiques entre les Etats européens de collaboration (y compris avec l’armée prussienne ennemie qui occupe la France), d’extraditions et de coopérations policières unissant les Etats bourgeois européens ébranlés par ces quelques semaines d’un pouvoir populaire.
Une gravure de la Commune de Paris. MARY EVANS PICTURE LIBRARY/PHOTONONSTOP
Cette insurrection et la violente répression qu'elle subit eurent un retentissement international important, notamment au sein du mouvement ouvrier et des différents mouvements révolutionnaires naissants. La Commune est de ce fait encore aujourd'hui une référence historique importante pour le mouvement libertaire et plus largement pour les mouvements de gauche
