jeudi 28 septembre 2023

Haut Karabakh : Fin du conflit ?

 Lorsqu’en décembre 2022 l’Azerbaïdjan ferme le corridor de Latchine, seul point de passage entre l’Arménie et le Haut-Karabakh, les dirigeants azerbaïdjanais organisaient véritablement un siège qui devait conduire à une véritable catastrophe humanitaire : pénurie de médicaments et de nourriture.

Fin juillet 2023 l’Arménie a tenté d’envoyer de l’aide humanitaire mais le convoi est resté bloqué de par la volonté azerbaïdjanaise.

En quelques mots faisons un rappel historique sur cette région.

Dans l’Antiquité le Haut-Karabakh a été intégré au Royaume Arménien. Il est passé sous influence arabe au Moyen Âge avant qu’une révolte le fasse revenir sous la responsabilité d’Erevan.

En 1805 l’empire russe intègre le Haut-Karabakh. L’Arménie et l’Azerbaïdjan vont se confronter lors de la guerre civile qui suit la Révolution bolchevique fin 1917. Les deux pays proclament leur indépendance en 1918. Les combats reprennent alors.

C’est Staline qui va d’une certaine manière trancher ce conflit en rattachant la région du Haut Karabakh à l’Azerbaïdjan malgré sa population arménienne, toutefois il lui accorde l’autonomie qui restera son statut inchangé pendant 75 ans.

De nombreuses guerres se sont déroulées ces dernières années entre autre en 1988 qui a vu une victoire de l’Arménie.

Lors de la chute de l’URSS l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont proclamé leur indépendance. Dans la foulée les Arméniens du Haut Karabakh ont fait de même en se proclamant République autonome et rattaché à l’Arménie.

À la fin septembre 2020, suite à de nombreux accrochages militaires, l’Azerbaïdjan relance les hostilités avec l’appui de la Turquie son allié lequel lui fournit du matériel et particulièrement des drones ainsi que des mercenaires syriens. Six semaines seront suffisantes à l’armée azerbaïdjanaise pour écraser les forces arméniennes et pratiquement reconquérir un tiers du Haut-Karabakh. Les combats auront fait 6500 morts. Un accord de cessez-le-feu survient le10 novembre 2022, sous l’égide de la Russie (laquelle va déployer un contingent de militaires pour surveiller le respect de cet accord). C’est alors que l’Azerbaïdjan décide quelques mois plus tard (décembre 2022) de fermer le corridor de Latchine.

Il faut savoir qu’existe dans cette région du Sud Caucase un territoire attribué à l’Azerbaïdjan et enclavé  entre l’Arménie et l’Iran : le Nakhitchevan. Le couloir d’accès est sous contrôle de l’Arménie.

Lors de l’accord du cessez-le-feu il était indiqué que toutes les routes bloquées par les Arméniens et les Azerbaïdjanais devaient être libérées de toute contrainte.

Le 19 septembre dernier l’Azerbaïdjan a donc monté, elle aussi, une opération spéciale : 24- heures de combats ont suffi à faire plier les séparatistes écrasés par la puissance de feu des forces adverses et l’absence de réaction de l’Arménie.

L’accord de cessez-le-feu prévoit le retrait des forces armées arméniennes, la dissolution et le désarmement complet de l’armée d’autodéfense du Haut-Karabakh. Des négociations doivent se tenir sur la garantie des droits et de la sécurité des habitants de l’enclave.

L’Azerbaïdjan, qui a resserré ses liens avec la Turquie, entretient des relations tendues avec l’Arménie (le génocide arménien de 1915 est présent dans toutes les mémoires). La Turquie s’est largement engagée aux côtés de l’Azerbaïdjan lors de cette seconde guerre du Karabakh en lui fournissant des armes et des mercenaires.

Concernant ce conflit Andreï SAKHAROV déclarait il y a quelques années : « Pour l'Azerbaïdjan, la question du Karabakh est une question d'ambition ; pour les Arméniens du Karabakh, c'est une question de vie ou de mort »

Hélas ce n’est que trop vrai puisqu’actuellement les Arméniens fuient vers l’Arménie pour éviter un nettoyage ethnique.

Une situation géopolitique compliquée :

Bakou achète également des armes à Israël, ce qui inquiète l’Iran voisin, lequel soupçonne l’État hébreu d’utiliser l’Azerbaïdjan comme poste d’observation.

Ce commerce pourrait paraître contradictoire, mais Israël n’est pas à une contradiction près.

 

mercredi 13 septembre 2023

Au royaume de bisounours

 

Nous vivons me semble-t-il dans le royaume de bisounours.

Aucune remarque ou observation ne peut être formulée sans qu’immédiatement l’on vous accuse de polémique alors qu’en vérité cela participe de la liberté d’exprimer un avis qui est parfois différent de celui de vos interlocuteurs.

J’en veux pour preuve une récente réunion pour préparer en 2024 les 80 ans de la libération de la ville. Je pose une question simple : la Municipalité nous autorisera-t-elle à parler de l’engagement de l’Union Soviétique dans ce conflit de la 2éme guerre mondiale ? Et de préciser ma question en faisant référence au refus de mettre le drapeau soviétique lors des célébrations du 8 mai.

Ce qui est une question de bon sens ne l’est pas pour tout le monde. « Vous déclenchez la polémique » s’insurge une participante qui est par ailleurs élue municipale. D’ailleurs je m’interroge sur le sens que certains donnent à ce mot ‘’polémique ?’’ le confondant le plus souvent avec le mot débat démocratique. Mais passons … et laissons là ceux qui ne veulent pas comprendre ou qui cherchent prétexte à conflit.

Revenons donc à ma question que d’aucuns voudraient évacuer d’un revers de manche, ignorants qu’ils sont de l’Histoire.

Doit-on réécrire l’histoire et somme toute la falsifier ?

Tout cela au prétexte de la situation actuelle avec la guerre en Ukraine.

Doit-on taire le fait que c’est l’Armée soviétique qui a libéré le camp de concentration d’Auschwitz ?

Bien évidemment l’on va à nouveau me dire : le Pacte germano-soviétique vous l’oubliez ? Non je me suis déjà exprimé à ce sujet.

Pour mémoire le Général de Gaulle qui, lui savait de quoi il parlait, n’a jamais mis en avant ce Pacte dont il savait bien dans quelles conditions la France et la Grande Bretagne avaient refusé une alliance avec l’URSS.

Les faits sont là et les faits sont têtus.

lundi 11 septembre 2023

La guerre en Ukraine et ses contradictions

 

Nous savons que les pays occidentaux ont considérablement réduit leur importation de gaz naturel via les gazoducs venant de Russie.

Ce qui est par contre assez étonnant c’est de constater que le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) arrivé en bateau depuis le début de cette année 2023 a augmenté d’environ 40 % si l’on s’en réfère à la même période de l’année 2021.

Ainsi malgré la guerre en Ukraine et l’embargo mis en place contre la Russie cela n’empêche pas le commerce avec la dite Russie.

Le gaz russe circule donc encore à destination de l’Union Européenne.

L’organisation non-gouvernementale anglaise Global Witness considère « pendant que les pays européens dénoncent la guerre dans le même temps ils fournissent de l’argent au président russe ». Ainsi donc il y a une fois encore une grande différence entre les paroles et les actes dans ce domaine énergétique.

Cette apparente contradiction n’est pas la seule il en est d’autres puisque du pétrole brut arrive en Europe via les pays d’Asie du sud-est.

Comme quoi le soi-disant embargo reste une vaste fumisterie qui, en vérité, gêne peu l’économie russe, mais par contre pose des problèmes aux citoyens de la fédération de Russie.

Il est de plus en plus urgent que cette guerre fratricide s’arrête et qu’enfin les peuples russes et ukrainiens puissent retrouver le calme, la sérénité et la paix.

dimanche 3 septembre 2023

L'ARMENIE VAINCRA ET VIVRA !

Face au drame que vivent les Arméniens du Haut Karabach nous ne pouvons rester indifférents.

Nous publions ci-dessous un texte émanant du Mouvement des Arméniens de France pour la Postérité

 

 

« La fête d’aujourd’hui [en référence aux jeux Pan arméniens] est avant tout une commémoration de tous nos martyrs car elle démontre la volonté de notre peuple et de la République d’Arménie » a proclamé le Premier ministre Nikol Pashinyan insistant sur la détermination du peuple arménien à ne pas mourir.

Une allusion aux 120 000 Arméniens d’Artsakh dont 30 000 enfants pris dans l’étau de l’Azerbaïdjan qui manquent de nourriture et de soins sans que le monde occidental si prompt à défendre les droits élémentaires humains ne réagisse.

Pourquoi des instances internationales telles que l’ONU ou l’Union Européenne continuent elles à négocier et à travailler avec un État criminel comme l’Azerbaïdjan ?

Pourquoi l’OTAN a-t-elle gardé en son sein ce pays, l’Azerbaïdjan dont un des ressortissants a commis un crime ignoble en Hongrie, à savoir l’assassinat d’un étudiant arménien à coups de hache ?

Comment est-il possible que l’OTAN n’ait pas réagi, lorsque ce criminel azerbaidjanais, pourtant condamné par un tribunal hongrois à la prison à perpétuité, fut accueilli en héros et élevé au grade d’officier, après son transfert en Azerbaïdjan où il devait soi-disant purger sa peine ?

Force est de constater que ces instances internationales, ces pays dits les plus puissants du monde n’en sont réduits, du moins concernant les Arméniens qu’à prêcher de bons conseils, à faire de belles déclarations d’intention au lieu de taper du poing sur la table et de prendre des mesures drastiques contre les criminels. Nous pouvons aussi nous poser la question suivante : cette « impuissance » vis-à-vis de l’Azerbaïdjan est-elle volontaire, diplomatique ou financière ?

La vie d’un Arménien a-t-elle moins de valeur que celle d’un autre être humain ?

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de pouvoir vivre libre sur ses terres ancestrales, la rectification de frontières injustement définies, toutes ces valeurs humaines sont-elles défendables pour tous sauf pour les Arméniens ?

Lorsque qu’à partir de 1915, les Arméniens de l’Empire Ottoman étaient déportés et massacrés par les Turcs, personne n’a réagi. Cette obstination des Grands de ce monde à occulter le Génocide des Arméniens, voire pire à négocier et à commercer avec l’État turc négationniste, a ouvert aussi la voie à ceux qui ont voulu faire connaître la vérité historique par les armes.

Alors que tous les regards sont braqués, et ce depuis plus d’un an sur l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et Turquie poursuivent impunément le génocide des Arméniens.

Or ce peuple arménien, et en particulier sa jeunesse, pourrait comme ce fut le cas dans les années 70 face à l’indifférence internationale, décider de prendre les armes et commettre des actions spectaculaires pour « réveiller » l’opinion.

Si tel était le cas, si des actions violentes venaient à mettre à la une de l’actualité la mort lente des 120 000 Arméniens d’Artsakh, la responsabilité pleine et entière incomberait à ceux qui continuent à serrer les mains du criminel ALIEV(*) et à signer des contrats économiques juteux avec lui.

L’indifférence du monde face aux massacres des Arméniens en 1915 a eu pour conséquence la Shoah.

L’indifférence internationale face au mouvement d’indépendance de l’Artsakh en 1988 a eu pour conséquence l’éclatement de l’URSS.

Quelle pourrait-être la suite aujourd’hui lorsque volontairement l’Occident, la Russie, les instances internationales détournent les yeux face à l’agonie des Arméniens d’Artsakh ?

À ceux qui veulent préserver la paix, il est temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard !

 

Mouvement des Arméniens de France pour la Postérité

10 août 2023

(*) Président de l’Azerbaïdjan