mercredi 13 avril 2016

A propos de la désertification médicale en milieu rural

Le 1er puis le 5 avril dernier, la presse locale s’est faite l’écho des problèmes liés à la désertification médicale en milieu rural.D’abord c’est un généraliste qui aspire à la retraite qui confiait avec beaucoup de sincérité son impuissance à trouver un successeur.
Le film « Médecin de campagne » lui a permis de retrouver toutes les questions qu’il se pose au moment où il va devoir cesser son activité sans avoir – à son grand regret – trouvé un confrère pour assurer « la relève ».
Cette situation je l’ai connu personnellement au moment de ma cessation d’activité.Moi aussi je n’ai – hélas – pas trouvé un confrère auquel j’aurais pu passer le relais.
Il y a toujours beaucoup d’angoisse à laisser des patients que vous soignez depuis des décennies et c’est un véritable sentiment d’abandon qui vous frappe quand vous devez fermer définitivement le Cabinet Médical.
D’ailleurs ce cabinet le ferme-t-on définitivement ? Il y a toujours quelques patients qui viennent vous voir sollicitant un conseil. Conseil que l’on accorde bien sûr avec plaisir, et disons-le avec une certaine fierté en pensant que finalement la confiance et l’amitié sont toujours là.
Ces choses étant dites, et parfois redites, que peut-on faire concrètement ?
Personnellement je ne crois pas que la désertification médicale en milieu rural sera résolue par le seul biais de la création de Maison Pluridisciplinaire de Santé.Je l’ai déjà exprimé plusieurs fois : on ne résoudra pas ce problème par le seul aspect immobilier, même si celui-ci est important.Concernant l’article de presse du 5 avril : « Le pari des maisons de santé pour arrêter l’hémorragie ». J’observe que les quelques-uns qui ont fait le choix et qui ont eu le courage de s’installer dans le Sud-Touraine ont pu bénéficier de bonnes conditions d’accueil et de soutien de leurs confrères en place.
C’est bien mais ces nouvelles installations concernent pour l’essentiel des natifs du coin.C’est très bien mais sera-ce suffisant dans les prochaines années ?Je crois sincèrement qu’au-delà du seul aspect « maisons de santé » – pour lesquelles la Région et la Ministre de la Santé ont fait beaucoup – nous devons rechercher d’autres alternatives et proposer d’autres possibilités.En effet de mon point de vue il y a d’autres solutions comme par exemple des avantages financiers et/ou fiscaux pour celles et ceux qui s’installent en milieu rural.C’est ce qui se fait avec un succès certain dans des pays étrangers comme le Canada.Par ailleurs dans l’article du 1er avril j’ai bien noté que le Président du Conseil Régional de l’Ordre indiquait que « les médecins se plaignent d’être surchargés de contraintes réglementaires, économiques et administratives… ».
Tout cela est juste, mais que dire de la situation des patients qui ne trouvent plus de praticiens proches de chez eux les samedis, dimanches et jours fériés.Car enfin cette situation d’abandon pendant les week-ends n’est pas acceptable.Comment faisait-on autrefois ?
Comment ai-je fait pendant 40 ans ?
Et comment faisaient mes confrères à l’époque ?Il y avait des gardes assurées par les médecins locaux et les patients n’avaient pas à courir à des dizaines (voire parfois beaucoup plus) de kilomètres pour trouver le médecin de garde.
J’entends bien qu’il faut alors s’organiser et nous nous organisions à l’époque et nous n’avions pas les avantages financiers qu’aujourd’hui les Caisses Maladies offrent.Pourquoi ne pas revenir à ce bon vieux système des gardes qui a fait ses preuves pendant des dizaines d’années sans pour autant tuer les médecins.Pourquoi avoir supprimé cette obligation de service public ?Car c’est bien de cela dont il s’agit.Pourquoi ne pas remettre en place ce système afin d’assurer réellement la permanence des soins ?

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