mercredi 1 avril 2020

Grèce : mort de Manolis GLEZOS



Au premier plan de la contestation contre la dictature jusqu'en 1974, cheville ouvrière de la gauche radicale en Grèce, le héros national Manolis GLEZOS est décédé lundi 30 mars 2020 à l'âge de 97 ans dans un hôpital d'Athènes où il avait été admis

Dans la nuit du 30 au 31 mai 1941, alors âgé de 18 ans, Manolis GLEZOS décrochait, avec son ami Apostolos SANTAS, 19 ans, le drapeau nazi du monument antique athénien.

Apostolos SANTAS est décédé en avril 2011.

Pourquoi, alors, ce jour-là ? 

Lors d'un entretien à l'AFP en juin 2011 Manolis GLEZOS explique :

« Le jour précédent, Hitler a abattu des résistants en Crète et il a fait "un discours expliquant qu’il n’y avait plus d’ennemis contre les nazis en Europe, que l’Europe était libre ! "
Ce fut notre réponse à cette phrase. Nous voulions montrer que ce qu’il disait n’était pas la vérité et que le combat ne faisait que commencer. »

Pour ces jeunes résistants il était « inacceptable que l’Acropole soit polluée par ce drapeau nazi alors qu’elle représente l’humanisme de toute l’Humanité. Ce drapeau nuisait à cette icône. Nous avons décidé de le descendre. » 



Manolis GLEZOS, le «premier résistant d'Europe» (Photo : Louisa GOULIAMAKI/AFP

Après la défaite nazie, les troupes anglaises combattent les résistants communistes qui ont gagné la guerre et refusent de désarmer. 

Le pays entre dans quatre années de guerre civile. 

Pendant la guerre civile (1946-1949), il se bat aux côtés des communistes. Il reste membre de ce parti, le KKE, malgré son interdiction.

En 1949, Manolis GLEZOS est condamné à mort pour trahison. 

Un dirigeant grec l'annonce à une presse incrédule, en leur affirmant que sa tombe est déjà prête. 

"Ma mère est allée voir mon tombeau", explique-t-il. 

Il se souvient de la radio grecque diffusant, le dimanche après sa condamnation, un extrait de la radio française, qui annonce : "Le général de Gaulle s'adresse au gouvernement grec pour qu'il n'exécute pas le premier résistant d'Europe."

Voici quelques années lors d’un entretien avec la Presse il déclarait :

« Le général de Gaulle a exagéré. Je ne suis pas le premier résistant d'Europe. »
 
Il se lève et sort de sa bibliothèque les deux gros volumes de son histoire de la Résistance ainsi que la photo en noir et blanc d'un jeune homme. « C'est lui le premier partisan. » Il s'agit de Mathios POTAGAS. « Le 2 mai 1941, il s'est mis sur la route devant une colonne allemande pour leur demander d'arrêter et leur dire : "Vous n'avez pas gagné. Vous n'allez pas nous rendre esclaves, car notre âme est toujours libre. Je suis seul, mais derrière moi il y a tout le peuple grec. » Il avait 17 ans. Ils lui ont écrasé la tête à coups de pierres."

2 commentaires:

  1. Regis Martinaud6 avril 2020 à 00:58

    Voici quelques observations à propos de votre article sur Manolis GLEZOS.

    C’est en décembre 1942 qu’est fondée l’ELAS (commandée par le résistant communiste Áris VELOUCHIOTIS). Ce groupe mène des actions militaires contre les troupes d’occupation allemandes, italiennes et bulgares.
    A l’été 1943 l’ELAS a libéré un tiers du territoire de la Grèce. Est alors crée, dans cette Grèce libérée, un véritable État d’un type nouveau. Des assemblées générales où participent les femmes (chose inédite alors en Grèce) élisent différents comités locaux : auto-administration, tribunal populaire et commissions pour la sûreté, le ravitaillement. Ces projets de réforme sociale et l'influence des communistes inquiétaient les conservateurs et les monarchistes qui n’avaient été des plus actifs dans la lutte contre les troupes nazies et
    A l’issue de la 2ème guerre mondiale au moment de la libération le Parti communiste grec est la force politique la plus importante du pays, mais il ne prit pas le pouvoir alors que cela était possible en décembre 1944. Cependant l’EAM et son bras armé l’ELAS refusèrent de se dissoudre et engagèrent des actions contre les troupes alliées à savoir les royalistes grecques et les anglais.
    Un accord de cesser le feu fut conclu en février 1945, avec la promesse d’un référendum sur la future nature politique du régime grec (royauté ou république), ainsi que des élections. Celles-ci se déroulèrent dans un climat de terreur. De ce fait la plupart des partis boycottèrent ces élections.
    Ainsi débuta la guerre civile grecque qui s’acheva en 1949.
    Acculées dans la montagne par les milices de droite, celles de gauche créèrent, en décembre 1947, une Armée démocratique de la Grèce, conduite par d'anciens résistants de l'EAM, avec un gouvernement révolutionnaire communiste.
    Bientôt, l'armée royaliste fusionna avec les milices de droite (recrutant même d'anciens collaborateurs sortis des prisons pour faire nombre) et la guerre civile prit une dimension internationale avec l'intervention américaine et les enjeux de la Guerre froide.
    Le commandant Márkos VAFIADIS, dit MARKOS, partit se réfugier avec ses troupes dans la montagne. Il bénéficia du soutien du gouvernement de TITO, qui lui fournit des armes et du ravitaillement.
    Mais en 1948 STALINE rompt avec TITO.
    MARKOS reste fidèle à la ligne de Moscou, il n’est donc plus soutenu par TITO.
    Dans le même temps STALINE respectant les accords de YALTA, la frontière gréco-bulgare est fermée. Seuls les réfugiés communistes désarmés sont admis en Bulgarie.
    TITO, jusqu'en 1948, et les partis communistes bulgare et albanais avaient aidé militairement la guérilla, à la différence de l'Union soviétique. La guerre s'est donc terminée en 1949, quand la Yougoslavie, principal fournisseur d'armes, arrêta ses livraisons après la sécession de TITO du bloc communiste en 1948.
    Une véritable diaspora communiste s’implanta en Yougoslavie et dans différents pays de l’Europe de l’Est.
    Ces faits sont peu connus Il m’a semblé utile de les rappeler.
    Au nom du respect des accords de YALTA la résistance grecque fut sacrifiée.
    La même tragédie s’est déroulée en Espagne à la fin de la 2ème guerre mondiale.
    Régis MARTINAUD
    régis.martinaud@gmail.com

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  2. Merci pour ces précisions

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