lundi 20 avril 2020

A propos du manque de masques : qui est responsable ?





Personnellement je n’ai pas toujours été d’accord avec la politique de santé de Marisol TOURAINE (entre autre sur la gestion des lits hospitaliers ou sur la gestion strictement comptable de la santé), mais dans le cas précis du manque de masques à l’évidence elle n’est pas responsable et encore moins coupable.

Marisol TOURAINE ministre de la Santé de 2012 à 2017 sous François HOLLANDE défend son bilan sur les stocks de masques et renvoie la balle au Président MACRON, elle précise sur BFMTV ce dimanche 12 avril :

« Il y avait plus de 730 millions de masques chirurgicaux quand je suis arrivée au ministère, il y en avait un peu plus de 750 millions quand j’ai quitté le ministère. Donc on ne peut pas dire que c’est pendant ces cinq années où j’ai été ministre que les stocks n’ont pas été maintenus ».

Ainsi donc : On ne peut pas dire que les stocks n’ont pas été maintenus.

Depuis la mi-mars, le manque de masques est évident et a créé une polémique sur la gestion des dernières années. 

Le gouvernement avait alors expliqué que le « stock d’État » ne comptait désormais que de 117 millions de masques au début de la pandémie, pour une consommation prévue de 24 millions de masques par semaine.

Poursuivant son analyse de la situation Marisol TOURAINE indique :
« Il appartiendra à des enquêtes de dire ce qui a pu arriver, même si aujourd’hui l’essentiel n’est pas là, il faut relancer la machine qui permet de produire des masques si nous en voulons des centaines de millions nécessaires si c’est la doctrine que le gouvernement décide de mettre en avant ».

Rappelons pour mémoire que l’usine bretonne de PLAINTEL, qui fut longtemps le seul site de production de masques respiratoires en France, avait fermé dans l’indifférence générale fin 2018.

Nous reproduisons ci-dessous une interview sur France Inter en date du 06 avril dernier.

Alors que la France manque cruellement de masques face à l’épidémie de coronavirus, une entreprise française, installée en Bretagne, qui pouvait en fabriquer jusqu’à 200 millions par an, a fermé en 2018 après avoir été rachetée par un groupe américain. Qui est responsable de ce fiasco ? 

"De janvier 2009 à septembre 2010, nous avons livré 160 millions de masques FFP2 à l’État", se souvient Roland FANGEAT ancien président de la division respiratoire du groupe BACOU-DALLOZ, propriétaire de l’usine de PLAINTEL à l’époque. "Et puis il y a eu un désengagement de l’État. La chute des commandes a été catastrophique pour l’usine de PLAINTEL.

En 2010, le géant américain Honeywell rachète le groupe SPERIAN (le nouveau nom de BACOU-DALLOZ) alors propriétaire de l’usine de PLAINTEL qui compte encore 140 salariés.
Le silence de l’État

À l’été 2018, les élus du personnel, à la demande des salariés, tentent d’interpeller par mail le président de la République. Il explique au chef de l’État que l’usine de PLAINTEL est "une entreprise d’utilité publique" dont l’actionnaire américain a tout fait pour la rendre "largement déficitaire" tout en "absorbant massivement les deniers publics." "Nous sollicitons votre aide pour intercéder en notre faveur auprès des dirigeants du groupe" concernant "des indemnités de licenciement dont le niveau se situe très largement au deçà de ce qui se pratique habituellement chez Honeywell, en Europe de l’Ouest"

Le 24 juillet 2018, le chef de cabinet de l’Élysée lui répond qu’il prend "bonne note" de ce courrier qu’il transmet au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno LEMAIRE. Le 7 août 2018, le chef de cabinet de Bruno LEMAIRE répond à son tour que "le ministre a pris bonne note des éléments (…) communiqués et a demandé à la délégation interministérielle aux restructurations d’entreprise et à la direction générale des entreprises de faire le point sur ce dossier. Vous serez directement informé de la suite qui pourra lui être réservé", explique le ministère de l’Économie. "Je n’ai eu aucune nouvelle…", témoigne auprès de la cellule investigation de Radio France l'un des salariés à l’origine de l’envoi de ce courrier.
Contactée, la présidence de la République ne fait aucun commentaire. "C’est le temps de l’unité, pas de la polémique", souffle un proche de l’Élysée. 

Du côté du ministère de l’Économie, on assure "ne pas avoir eu les moyens d’empêcher une fermeture d’usine dans un secteur qui n’était pas alors considéré comme stratégique."


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les propos injurieux, racistes, sexistes, pornographiques, antisémites, islamophobes, ne seront pas publiés.
Pour signer les commentaires de vos noms/prénoms, cliquez sur le menu déroulant, et sélectionner "Nom/URL". Remplir ensuite uniquement la partie "NOM".