mardi 2 janvier 2018

Iran : face aux manifestations le Président Hassan Rohani a joué l’apaisement





Lors de sa première intervention télévisée depuis le début des manifestations, ce modéré a affiché sa compréhension. 

Cependant il a dû concéder un geste vis-à-vis de ses opposants qui réclament une répression immédiate contre les manifestants : c’est pour cela qu’il a cru nécessaire de menacer ceux « qui sèment le désordre ». 

Après avoir tenté de légitimer les protestataires et leurs revendications – « pas seulement contre l’état de l’économie, mais aussi contre la corruption et l’absence de transparence », le Président ROHANI a aussitôt menacé « ceux qui vandalisent les biens publics et qui sèment le désordre ».

Les premières  manifestations ont commencé le jeudi 28 décembre à Machhad, la deuxième ville d’Iran. C’est précisément l’un des bastions des opposants au président modéré ROHANI. Ils redoutent, la politique d’ouverture vers le monde de ce dernier, et surtout la perte de leurs avantages politiques et économiques.

Pour beaucoup de spécialistes de l’Iran : cela laisse à penser que la manifestation de Machhad était une initiative des adversaires du président qui cherchaient avant tout à l’affaiblir.

Il faut rappeler que depuis le début du deuxième mandat de M. ROHANI, les différentes manifestations se multiplient et rassemblent des retraités, des ouvriers ou des enseignants qui n’ont pas été payés depuis plusieurs mois. Ce climat de mécontentement économique, mêlé aux frustrations plus profondes liées à la stagnation politico-sociale, peut expliquer l’importance de la contestation.

Malgré tout et en parallèle il ne faut pas oublier que le Président Hassan ROHANI est parvenu à faire baisser l’inflation à environ 10 %, alors qu’elle était de 40 % avant son élection. Mais le chômage – des jeunes notamment – reste très élevé à 28,8 %.

Ce qui est pour le moins étonnant c’est que contrairement à tous les rassemblements depuis 2009, les manifestations de ces derniers jours ne font nullement mention des deux leaders de l’opposition, Mir Hossein MOUSSAVI et Mehdi KAROUBI, assignés à résidence depuis 2011. 

C’est l’une des raisons pour lesquelles les réformateurs iraniens qui soutiennent la présidence de M. ROHANI suivent avec beaucoup de méfiance un mouvement qui reste actuellement sans leader.
 
Les nombreux Iraniens qui sont descendus dans la rue en 2009, et qui plus tard ont voté pour Hassan ROHANI restent circonspects et gardent leurs distances
Les États Unis d’Amérique du Nord, ont très rapidement apporté leur soutien à la vague contestataire iranienne.

Cette prise de position des USA, relayée immédiatement par l’Arabie Saoudite, vise à mettre en difficulté le Président ROHANI, mais également le Président de la Fédération de Russie.

Dans son discours de dimanche, Hassan ROHANI a donc fait preuve d’habileté, espérant sans doute que la contestation s’éteigne sans recours à la force. Le président – faisant implicitement référence à l’Irak et à la Syrie, deux pays ravagés par des années d’instabilité politique et de guerre – a notamment appelé les Iraniens à « avoir à l’esprit la situation délicate régionale ».

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