jeudi 1 novembre 2018

L’affaire KHASHOGGI





Après l’assassinat le 2 octobre de Jamal KHASHOGGI, dans le consulat saoudien d’Istanbul il est nécessaire de s’interroger sur la soi-disant évolution démocratique de l’Arabie Saoudite. 

En mars-avril 2018 le Prince héritier, Mohammed Ben Salma (MBS) a fait aux États-Unis MBS une tournée afin d’asseoir son image de « réformateur ». 
  
En réalité l’affaire KHASHOGGI nous montre que rien n’a vraiment changé en Arabie Saoudite. Le régime saoudien, loin de se « réformer », a mis en place la même politique répressive que celles qui existent dans les autres dictatures militarisées du monde arabe.

Les polices politiques, appelées moukhabarates (renseignements), restent  les clefs de ces régimes. Du fait de son rôle principal dans la liquidation de KHASHOGGI, le Prince  MBS a dû démettre le chef adjoint des services saoudiens de sécurité.

Les États-Unis sont restés un long moment avant de prendre une position claire. Les déclarations de TRUMP hésitaient entre l’indignation face à ce meurtre et la volonté d’en disculper MBS. 

Pour Jean-Pierre FILIU, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po (Paris) : « Le chef de la diplomatie américaine, Mike POMPEO, envoyé à Riyad pour contenir la crise, aurait eu bien du mal à incriminer ses interlocuteurs saoudiens : cet ancien chef de la CIA est un partisan déclaré des « trous noirs » où faire disparaître en toute illégalité les « terroristes » supposés; et l’administration TRUMP n’a cessé de justifier au nom de la « lutte antiterroriste » l’écrasement par ses alliés arabes, notamment en Egypte, de toute forme d’opposition. »

Quant à ISRAËL et son Premier ministre NETANYAHOU qui misaient sur MBS pour officialiser un rapprochement avec les pétromonarchies contre l’Iran et enterrer une fois pour toutes la question palestinienne cela semble mal engagé. 

De son côté la TURQUIE du président Erdogan (qui n’est pas l’exemple de la démocratie triomphante) s’en tire plutôt bien. Le statut extraterritorial du consulat saoudien aboutit à ce que l’assassinat de KHASHOGGI ne se soit pas techniquement déroulé sur le sol turc. Malgré tout la justice turque a pu enquêter à l’intérieur même du consulat, tandis que les révélations livrées « au compte-goutte » dans les médias par les dirigeants turcs permettaient de maintenir la pression sur MBS et sur l’administration TRUMP. 

Le Président ERDOGAN demande que les 18 suspects saoudiens soient remis à la justice turque, une posture nationaliste qui va renforcer sa popularité dans le pays.

Au moment où TRUMP met en place des sanctions draconiennes contre la République islamique d’IRAN, celle-ci tout comme la TURQUIE utilise l’affaire KHASHOGGI et les tensions entre Washington et Riyad pour tenter de faire oublier ses propres scandales en matière d’immunité diplomatique:

Le CANADA  émerge comme le grand vainqueur moral de l’affaire KHASHOGGI. Jean-Pierre FILIU rappelle : « qu’en août dernier, un simple tweet de la ministre canadienne des Affaires étrangères, s’inquiétant du sort de féministes et de « pacifistes » incarcérés en Arabie, avait déclenché la fureur de Riyad et des rétorsions foudroyantes: expulsion de l’ambassadeur canadien; suspensions des vols entre les deux pays; retour des milliers d’étudiants boursiers et de Saoudiens hospitalisés au Canada; gel, voire retrait des investissements saoudiens. MBS voulait clairement, en s’acharnant ainsi contre le gouvernement Trudeau, envoyer un avertissement à toutes les démocraties occidentales tentées de critiquer le régime saoudien» 

Dans cette affaire criminelle la FRANCE s’est montrée plus que réservée, se contentant de ne pas participer au Sommet de RYAD … c’est bien le moins qu’Elle pouvait faire.

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