Les médecins libéraux alertent sur le cadmium, un métal cancérogène des engrais trop présent dans l’alimentation
« Le Quotidien du Médecin » -
Publié le 05/06/2025
À l’occasion de la journée mondiale de l’environnement le 5 juin, les médecins libéraux se mobilisent pour alerter sur l’exposition de la population, et notamment des enfants, au cadmium, un cancérogène présent dans les engrais phosphatés.
« Un véritable fléau de santé publique ». Alors que se tient la journée mondiale de l’environnement ce 5 juin 2025, un collectif de médecins libéraux s’alarme de l’exposition au cadmium de la société française, à la lumière des travaux menés par leur groupe dédié à la santé environnementale.
Le cadmium est un métal reconnu « cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, les reins et les os », rapporte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Déjà en 2021, Santé publique France (SPF) avait évoqué l’association inquiétante avec plusieurs cancers et notamment celui du pancréas d’après les données de l’étude Esteban.
L’Anses a établi une valeur toxicologique de référence et recommande des limites de quantité dans les fertilisants ainsi que les aliments. En effet, si le cadmium est retrouvé naturellement dans les sols, « certaines activités humaines peuvent augmenter sa présence dans les sols » et en conséquence l’exposition par l’alimentation, principale source en France (après la fumée du tabac ou la pollution de l’air).
Le collectif de médecins libéraux explique ainsi que le métal se trouve particulièrement dans les céréales, les pommes de terre, les pâtes, le pain et les produits de panification, du fait « des engrais importés en France venant d’une région du monde où la présence de cadmium est trop importante pour les objectifs sanitaires » et les normes fixées par la Commission européenne (60 mg/kg d’engrais depuis juillet 2022, avec l’objectif d’abaisser à 20 mg/kg d’ici à 2034).
En conséquence, « dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d'interpeller la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre. La qualité de l’alimentation est également révélatrice des inégalités sociales. Il nous faut donc agir parallèlement sur la démocratisation de l’information pour permettre des mesures d’atténuation au sein des foyers. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! L’heure est au courage des solutions », a souligné le Dr Pascal Meyvaert, coordinateur du groupe de travail Santé environnementale de la conférence nationale des URPS médecins libéraux.
Chez l’adulte, une imprégnation trois fois supérieure à celle des Américains
Le collectif indique que, chez les adultes français, l’imprégnation mesurée moyenne au cadmium a quasiment doublé sur la période, de 0,29 (selon l’ENNS 2006-2007) à 0,57 µg/g de créatinine (d’après Esteban 2014-2016), alors que l’Anses a fixé en 2019, pour la cadmiurie du non-fumeur, une concentration critique de 0,5 µg/g. Elle serait ainsi « trois fois supérieure à celle des adultes américains et plus de deux fois à celle des adultes italiens ». En France, l’Anses définit la dose journalière acceptable à 0,35 µg de cadmium par kilogramme de poids corporel.
Chez les enfants français, le taux moyen retrouvé dans l’étude Esteban dépasse la valeur moyenne des adultes de l’étude ENNS, soit « quatre fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands par exemple ». La même étude estime que 47 % des adultes et 18 % des enfants dépassaient le seuil de concentration critique.
Par Juliette Dunglas.