mardi 2 octobre 2018

Charles AZNAVOUR est mort ce jour lundi 1er octobre 2018 : rendons lui hommage.





C’est à la fois un grand artiste et un grand poète qui nous quitte mais il restera pour beaucoup d’entre nous « En haut de l’affiche » pour toujours.

Il était un véritable Ambassadeur de la culture française et à ce titre il mérite le respect. Il n’a pas succombé aux sirènes anglo-saxonnes comme d’autres artistes qui oublient notre langue et notre culture.

Français comme il le disait lui-même il restait proche de ses racines arméniennes. Il était d’ailleurs l’Ambassadeur d’Arménie auprès de l’UNESCO. Il était le défenseur infatigable de la diaspora arménienne.

Lors du tremblement de terre qui détruisit la ville de SPITAK au nord de l’Arménie il s’investit personnellement et créait une Association pour venir en aide aux sinistrés. Il écrit une chanson humanitaire « Pour Toi Arménie » et participe sur place à l’aide aux victimes.

Né à Paris le 22 mai 1924 dans une famille modeste d’émigrés arméniens rescapés du génocide il n’oubliera jamais cette tragédie « Je suis de ce Peuple qui dort sans sépulture qui n’a pas renié sa foi » 
Il écrira pour le 60ème anniversaire du génocide cette magnifique chanson « Ils sont tombés » :
"Ils sont tombés pudiquement sans bruit 
Par milliers, par millions, sans que le monde bouge 
Devenant un instant minuscules fleurs rouges 
Recouverts par un vent de sable et puis d'oubli [...]
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu’ils étaient fautifs d’être enfants d’Arménie"

La musique était signée par son beau-frère Georges GARVARENTZ (fils du poète Kevork GARVARENTZ, auteur de l'hymne national révolutionnaire arménien).

Charles AZNAVOUR s'était déclaré « soulagé  après le vote de l'Assemblée Nationale reconnaissant "politiquement" au nom de la France » le génocide arménien de 1915.

« Tout peuple, disait-il, a le droit d'écrire son histoire et les Arméniens ont été gommés de la face du monde ».

Dans les années 30 la famille de Charles AZNAVOUR entretien des relations étroites avec le poète communiste arménien Missak MANOUCHIAN, chef du groupe FTP-MOI (Francs-Tireurs Partisans-Main d’œuvre Immigrée) de « l'Affiche rouge », exécuté en février 1944 par les nazis avec 22 autres résistants. 
Ses parents et sa sœur Aïda participeront directement aux actions de résistance.
MANOUCHIAN écrira en 1940 à la mère d'Aznavour cette phrase prémonitoire :
« Charles sera l'honneur du peuple arménien, et une gloire pour la France. »

A ceux qui aujourd’hui encore s’entêtent à rappeler ses démêlés avec le fisc et son départ pour quelques années en Suisse, précisons que la Justice française lui a accordé un « non-lieu ».

Il a raison de dire : « L'argent n'a jamais été mon moteur. Quand on m'en a demandé, j'ai toujours prêté, il n'est jamais revenu ». Je peux personnellement témoigner que dans les années 60 lors d’un concert à Tours il a fait don au Syndicat Étudiant d’une partie des recettes de la soirée afin de soutenir nos actions. 
Nous avions sollicité son aide financière car à l’époque pour des raisons bassement politiciennes la Ville de Tours se refusait à aider l’UNEF préférant soutenir un autre syndicat étudiant ... squelettique, mais jugé … politiquement correct.



1 commentaire:

  1. CHARLES AZNAVOUR : DISPARITION D’UN GÉANT
    Charles Aznavour avait bien organisé sa vie professionnelle. Malheureusement à l’âge de 94 ans, il disparait avec des projets plein la tête et une promesse non tenue, celle de fêter son centenaire sur scène. À l’annonce du décès de Charles Aznavour, ce sont tout d’un coup des dizaines souvenirs qui se bousculent dans ma tête. Je ferme les yeux puis soudain des images me reviennent comme des flashs d’un passé désormais révolu, mais toujours si présent dans mon cœur. Arrivé seul en France en 1948 avec mon petit baluchon, j’ai eu le bonheur d’entrer dans une famille, je devrais dire une tribu qui m’a tout de suite adopté. La famille de ma femme Nelly, les Parseghian-Papazian avec à leur tête le patriarche Sérovpé Papazian, celui qui, à Constantinople, avait recueilli sa cousine Knar, la mère de Charles.
    Comment oublier ce 28 février 1954, le jour de notre mariage, lorsque Charles empruntait la voiture d’Edith Piaf pour nous conduire, Nelly et moi, à la cathédrale arménienne de la rue Jean Goujon puis, à l’issue de la cérémonie, aux studios Phébus pour faire les photographies ?
    Charles devait aussi nous accompagner chez mes beaux-parents Raphaël et Mannig Parseghian pour un repas de fête qui allait durer trois jours. Autour du grand-père Sérovpé, la famille Aznavour, Micha qui chantait et jouait du tar, Knar, Aïda qui chantait du Sayat Nova ainsi que beaucoup d’amis qui fréquentaient régulièrement les lieux comme l’écrivain Archag Tchobanian. Une vie de bohème, une vie de bonheur. Comment pourrais-je oublier la grande empathie d’Aïda qui, comprenant ma tristesse, resta près de moi pour atténuer ma mélancolie, parce que j’étais seul à mon mariage, aucun membre de ma famille restée en Turquie n’ayant pu faire le déplacement à cette occasion.
    Lorsque par nécessité, nous dûmes partir nous installer à Lyon, Charles vint nous rendre visite car les liens qui l’unissaient à mon épouse étaient certes éloignés d’un point de vue généalogique mais très proches du point de vue des sentiments. Ainsi les familles Parseghian-Papazian eurent toujours une place privilégiée dans le cœur des Aznavour.
    Les anecdotes ne manquent pas quant à l’esprit vif et acéré qui était le sien. Alors que Nelly ne remarquait pas la rhinoplastie qu’il avait subie, Charles finit par s’exclamer au détour d’une phrase « néanmoins » pour lui faire comprendre que son nez avait été raboté. Malgré les nombreuses moqueries et médisances dont il fut victime, Charles, à force de ténacité et de rigueur réussit à se hisser en haut de l’affiche. Il fut un géant de la chanson française et il sut utiliser sa pugnacité comme sa notoriété au service de l’aide humanitaire. En 1989, après le tremblement de terre, il mobilisa ses amis artistes pour enregistrer cette magnifique chanson composée par Georges Garvarentz « Pour toi Arménie ». Le clip de cette chanson écrite par Charles fut magistralement réalisé par le cinéaste Henri Verneuil.
    En ce 1er octobre 2018, Charles s’est envolé, il a rejoint sa cousine Nelly qui l’aimait tant ainsi que ses parents, son fils Patrick et son beau-frère Georges.
    Nersès Durman Antony – 9 octobre 2018

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