Je ne résiste pas à diffuser cet article de Jean-Claude GUILLEBAUD.
D'une certaine manière cela confirme les déclarations de l’Archevêque d'Alep Monseigneur Jean-Clément JEANBART publiées le 2 novembre 2016.
D'une certaine manière cela confirme les déclarations de l’Archevêque d'Alep Monseigneur Jean-Clément JEANBART publiées le 2 novembre 2016.
Mi-décembre, l'ancien présentateur de "C dans
l'air" désormais sur LCI a fait preuve de probité journalistique, qualité
moins répandue qu'on ne le croit.
Jean-Claude GUILLEBAUD
le 09 janvier 2017
C'est un
paradoxe : quand un
journaliste pose un acte de courage, on en parle dix fois moins que quand un
autre "dérape" (comme on dit maintenant).
La chose vient d'arriver au
détriment d'Yves CALVI qui reprend désormais sur LCI, sous le titre "24
Heures en questions" (du lundi au vendredi, à 18h10), une émission
comparable à son ancien "C dans l'air" de France 5.
De quel courage
s'agit-il ? On pourrait tout aussi bien parler de probité journalistique,
qualité moins répandue qu'on ne le croit. L'auteur de ces lignes a d'autant
plus envie de saluer cette probité que, dans "TéléObs", il a
plusieurs fois dénoncé le néolibéralisme subliminal qui ressurgissait dans
l'ancien "C dans l'air" dès qu'il était question d'économie.
Cet acte de courage mérite donc d'être raconté. Tout
commence le 15 décembre. L'émission est intitulée "Alep seule au
monde". Dans sa présentation, CALVI reprend la rhétorique en usage sur le
martyre de la ville, l'agonie de sa population au milieu des ruines et l'impuissance
collective.
Ses quatre invités sont les suivants : Isabelle de GAULMYN,
rédactrice en chef adjointe à "la Croix", le général Vincent
DESPORTES, ancien patron de l'Ecole supérieure de Guerre, Frédéric PONS,
journaliste et professeur à Saint-Cyr, et Frédéric PICHON, auteur d'un livre
remarqué sur la Syrie ("Syrie, pourquoi l'Occident s'est trompé",
éditions du Rocher, 2014).
Dès les premiers échanges, les remarques de chacun des invités
ont tout pour surprendre l'animateur tant elles prennent le contre-pied des
"éléments de langage" en usage, à ce moment-là, dans les médias.
On
explique d'abord que ces bombardements, en effet effroyables, ne concernent pas
"la ville d'Alep" mais seulement deux ou trois quartiers de
l'est de la cité.
Un invité précise même qu'ils correspondent à un ou deux arrondissements de Paris.
Le reste de la ville - Alep-Ouest - n'est pas touché, et ses habitants se félicitent ouvertement de la reconquête annoncée des quartiers Est par l'armée syrienne.
Un invité précise même qu'ils correspondent à un ou deux arrondissements de Paris.
Le reste de la ville - Alep-Ouest - n'est pas touché, et ses habitants se félicitent ouvertement de la reconquête annoncée des quartiers Est par l'armée syrienne.
Isabelle de GAULMYN, dont le journal a
suivi de très près cette actualité, ajoute qu'il fut un temps où la tragédie
était dans l'autre sens.
L'Ouest - notamment les chrétiens - recevait les obus
et les missiles tirés par la rébellion des quartiers Est, dont les djihadistes.
A ce moment-là, ajoute-t-elle, l'opinion occidentale ne s'était guère émue.
Le
général DESPORTES enfonça le clou en ajoutant qu'aujourd'hui, l'émotion —
compréhensible — suscitée par les bombardements des lointains quartiers Est
concernait une population civile prise en otage par les djihadistes, ces
derniers, pour une bonne part, étaient les mêmes que ceux que la France
bombarde avec ses avions Rafale à Mossoul, en Irak.
Très vite, on sentit Yves
CALVI désarçonné par la convergence de ces témoignages qui, tous, illustraient
une faillite de la diplomatie française (et des grands médias hexagonaux).
Laquelle diplomatie était aussi confuse et changeante que celle de Vladimir
Poutine fut déterminée et constante.
Au final, répondant à la question d'un téléspectateur, Vincent
DESPORTES rappela que, dans l'Histoire, les sièges des grandes villes furent à
la fois très longs et très meurtriers : Leningrad, Stalingrad, Sarajevo,
Falloujah, etc. Après avoir argumenté pied à pied avec ses invités, CALVI ne
dissimula plus son embarras. Il confessa même sa crainte d'avoir organisé une
émission "révisionniste".
Du coup, moins d'une semaine plus
tard, le 21 décembre, Yves CALVI choisit de revenir sur le sujet d'Alep avec,
cette fois, un seul invité : Eric DENÉCÉ, directeur du Centre français de
Recherche sur le Renseignement (CF2R).
Or, non seulement ce dernier confirma
les analyses de l'émission précédente, mais il en rajouta sur les médias, en
parlant d'une "énorme falsification de l'information", allant
jusqu'à dire crûment : "On s'est fait rouler dans la farine avec
Alep."
Il ajouta bien sûr que quand nos grands médias
dénonçaient dix fois par jour les crimes commis en Syrie, ils étaient moins
prolixes pour parler de ceux commis au Yémen par nos "amis"
saoudiens, lesquels bombardent à l'aveugle la totalité du territoire et des
villes yéménites.
Précision importante, capitale même.
On a réécouté ces différents témoignages recueillis par CALVI au sujet d'Alep.
A aucun moment il
ne fut question de trouver des excuses à Bachar el-Assad ou de minimiser les
crimes commis par son régime.
Lequel restera - et reste, hélas - comme l'un des
plus barbares qu'ait connu le Proche-Orient depuis le coup d'Etat de Hafez
el-Assad (père de Bachar) en 1970. Soit quarante-six ans d'une tyrannie
abjecte.
Mais pour combattre une tyrannie, il faut s'interdire de mentir ou de
truquer la vérité. Pour cette raison, merci et bravo, Yves CALVI !
Jean-Claude GUILLEBAUD
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