Un document
classifié prouve le rôle financier des Saoudiens dans les attentats du World
Trade Center, assure l'ex-sénateur Bob Graham.
«Que 19
personnes, dont la plupart ne parlent pas anglais, la plupart n’étaient jamais
venus aux Etats Unis, la plupart n’ayant même pas suivi d’études supérieures,
aient pu mener à bien une opération si complexe sans aucune assistance à
l’intérieur des Etats Unis est une chose très improbable», explique Bob Graham.
. «Nous
savons au moins que plusieurs des 19 kamikazes ont reçu le soutien financier de
plusieurs entités saoudiennes, y compris du gouvernement. Le fait de savoir si
les autres ont été soutenus aussi par l'Arabie saoudite n'est pas clair, car
cette information a été cachée au peuple américain», ajoute Graham. «On nous
dit que cela ne peut être fait pour des raisons de sécurité nationale, mais
c'est exactement le contraire», poursuit-il. «Ce rapport montre la
participation directe du gouvernement saoudien dans le financement du 11
Septembre», déclare l'ancien sénateur au Figaro.
Dans les
sous-sols du bâtiment du Capitole, il existe une pièce sécurisée où le Comité
pour le renseignement de la Chambre des représentants conserve des documents
secrets hautement classifiés.
L'un d'eux,
long de 28 pages, et intitulé «Éléments, discussion et récit concernant
certains sujets sensibles de sécurité nationale», a fait couler beaucoup
d'encre depuis quinze ans.
Ce texte,
qui pose la question du rôle de l'Arabie saoudite dans l'organisation des
attentats du World Trade Center, faisait partie du fameux rapport sur le 11
septembre 2001, supervisé par le Comité du renseignement du Sénat, et son
ancien président Bob Graham.
Mais au
moment de sa publication en 2002, ce sénateur démocrate de Floride, qui a
depuis quitté le Congrès, a découvert avec stupéfaction que les 28 pages
avaient été supprimées et classifiées à la demande de l'Administration Bush.
«Raisons de sécurité nationale», avait expliqué à l'époque l'équipe de George
W. Depuis toutes ces années, c'est ce même argument qui a empêché la déclassification
du texte
«Publier est
important précisément pour notre sécurité nationale. Les Saoudiens savent ce
qu'ils ont fait, ils savent que nous savons. La vraie question est la manière
dont ils interprètent notre réponse. Pour moi, nous avons montré que quoi
qu'ils fassent, il y aurait impunité. Ils ont donc continué à soutenir
al-Qaida, puis plus récemment dans l'appui économique et idéologique à l'État
islamique. C'est notre refus de regarder en face la vérité qui a créé la
nouvelle vague d'extrémisme qui a frappé Paris», martèle l'ancien sénateur.
L’Arabie
Saoudite a-t-elle financé les attentats du 11 septembre ?
Bien qu’il soit
toujours sous serment et qu’il ne peut pas divulguer des informations classées
top secret, il a déclaré à Megan Kelly, sur Fox News, que parmi les choses
qu’il est autorisé à dire, il peut affirmer que l’Arabie Saoudite a financé les
attentats du 11 septembre.
Un autre élu
qui a lu le document a confié au New Yorker que «les preuves du soutien du
gouvernement saoudien pour les événements du 11 Septembre étaient très
dérangeantes» et que la «vraie question est de savoir si cela a été approuvé au
niveau de la famille royale ou en dessous».
En 2002,
Graham était bien seul dans son combat pour «la vérité». Mais à la mi-janvier,
il a tenu une conférence de presse au Sénat sur ce thème en compagnie de deux
représentants, le républicain Walter Jones et le démocrate Stephen Lynch, qui
ont présenté une résolution HR 428 appelant à la déclassification. «Le soutien
grandit mais atteindra-t-il le seuil qui permettra au Congrès de faire pression
sur l'Administration Obama? Ce n'est pas clair», note l'ancien élu. Jones et
Lynch ont écrit au président pour lui demander d'agir. Selon l'un des membres
de l'organisation des familles victimes du 11 Septembre, Terence Schiavo, Obama
aurait promis de déclassifier un jour.
Les familles
de victimes sont en première ligne dans ce combat. Si leurs avocats pouvaient
prouver la participation de l'État saoudien aux attentats, Riyad serait forcé
de leur verser des compensations. «Nous affirmons que des organismes de
bienfaisance établis par le gouvernement du Royaume pour propager l'idéologie
radicale wahhabite ont servi de sources majeures de financement et de soutien
logistique à al-Qaida, pendant toute la décennie qui a mené au 11 Septembre», a
confié l'un des avocats des familles, Sean Carter, au New Yorker. Selon
l'hebdomadaire, deux des kamikazes auraient notamment été financés et hébergés
à San Diego par un personnage en contact permanent avec la section du ministère
des Affaires islamiques basée à Los Angeles. L'Arabie saoudite nie toutefois
toute responsabilité et a appelé à la déclassification des 28 pages afin de
laver sa réputation.
Bob Graham
pense que derrière ces appels, le Royaume fait pression sur Washington pour que
le rapport reste confidentiel. Mais certaines des personnes qui ont travaillé
sur le document apportent de l'eau au moulin des Saoudiens, en soulignant que
le texte n'établit pas de manière irrévocable la participation des autorités saoudiennes.
C'est notamment le cas de Philip Zelikow, directeur de la commission du 11
Septembre, qui qualifie les 28 pages «d'accumulation de rapports préliminaires
non confirmés». «Je ne suis pas d'accord. Si ce rapport est superficiel et peu
convaincant, pourquoi en avoir empêché la publication depuis treize ans?»
réagit Graham.
Le fait que
Barack Obama ait écourté sa visite en Inde la semaine dernière, pour aller
saluer le nouveau roi d'Arabie en compagnie de 30 hauts responsables politiques
- alors qu'aucun n'avait pris la peine de se rendre à la marche de Paris après
les attaques terroristes - en dit long sur les priorités de Washington.
Pour lui,
«la réponse est évidente concernant les Bush, qui sont très proches des
Saoudiens» qui craignaient pour leur réputation. Bob Graham explique qu’il
comprend pourquoi sous Bush ces documents compromettant n’ont pas été publiés,
car les services de renseignements de l’époque avaient besoin de ressources
humaines locales, c’est à dire d’espions et d’informateurs pour recueillir des
données cruciales à la sécurité du pays. La raison pour laquelle Obama suit la
même voie semble surtout venir des énormes implications géopolitiques que
pourraient avoir de telles révélations sur une relation américano-saoudienne,
toujours considérée comme vitale. Avec les mouvements de plaques tectoniques
qui secouent le Moyen Orient - l'opposition chiites-sunnites, la question du
nucléaire iranien, la guerre d'Irak et de Syrie et la déstabilisation du Yémen
-, «Obama ne veut pas introduire un nouveau facteur d'instabilité», dit Graham.
Même si son jeu avec l'Iran semble indiquer une volonté de se distancer de
l'Arabie, le choix est clairement de maintenir plusieurs fers au feu. Faute de
mieux.
Enfin, il a
souligné que «ne pas publier ces documents augmente notre vulnérabilité, car
cela permet aux Saoudiens de continuer à s’imaginer qu’ils n’ont à craindre
aucune sanction à entrainer et financer les prochaines générations de
terroristes dans les mosquées et écoles coraniques financées par l’Arabie
Saoudite.»
Source : sites web et rédaction
Le 12 avril
2016 - Jacques TOURTAUX
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