Après l’assassinat le 2
octobre de Jamal KHASHOGGI, dans le consulat saoudien d’Istanbul il est nécessaire
de s’interroger sur la soi-disant évolution démocratique de l’Arabie
Saoudite.
En mars-avril 2018 le Prince héritier, Mohammed Ben
Salma (MBS) a fait aux États-Unis MBS une tournée afin d’asseoir son image de « réformateur ».
En
réalité l’affaire KHASHOGGI nous montre que rien n’a vraiment changé en Arabie Saoudite. Le régime saoudien, loin de
se « réformer », a
mis en place la même politique répressive que celles qui existent dans
les autres dictatures militarisées du monde arabe.
Les polices politiques, appelées
moukhabarates (renseignements),
restent les clefs de ces régimes. Du
fait de son rôle principal dans la liquidation de KHASHOGGI, le Prince MBS a dû démettre le chef adjoint des services
saoudiens de sécurité.
Les États-Unis sont restés un
long moment avant de prendre une position claire. Les déclarations de TRUMP
hésitaient entre l’indignation face à ce meurtre et la volonté d’en disculper
MBS.
Pour Jean-Pierre FILIU, professeur
des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po (Paris) :
« Le chef de la diplomatie
américaine, Mike POMPEO, envoyé à Riyad pour contenir la crise, aurait eu bien
du mal à incriminer ses interlocuteurs saoudiens : cet ancien chef de la CIA
est un partisan déclaré des « trous noirs » où faire disparaître en toute illégalité
les « terroristes » supposés; et l’administration TRUMP n’a
cessé de justifier au nom de la « lutte antiterroriste » l’écrasement par ses alliés arabes,
notamment en Egypte, de toute forme d’opposition. »
Quant à ISRAËL et son Premier
ministre NETANYAHOU qui misaient sur MBS pour officialiser un rapprochement
avec les pétromonarchies contre l’Iran et enterrer une fois pour toutes la
question palestinienne cela semble mal engagé.
De son côté la TURQUIE du
président Erdogan (qui n’est pas l’exemple de la démocratie triomphante) s’en tire plutôt
bien. Le statut extraterritorial du consulat saoudien aboutit à ce que
l’assassinat de KHASHOGGI ne se soit pas techniquement déroulé sur le sol turc.
Malgré tout la justice turque a pu enquêter à l’intérieur même du consulat,
tandis que les révélations livrées « au compte-goutte » dans les
médias par les dirigeants turcs permettaient de maintenir la pression sur MBS
et sur l’administration TRUMP.
Le Président ERDOGAN demande
que les 18 suspects saoudiens soient remis à la justice turque, une posture
nationaliste qui va renforcer sa popularité dans le pays.
Au moment où TRUMP met en
place des sanctions draconiennes contre la République islamique d’IRAN,
celle-ci tout comme la TURQUIE utilise l’affaire KHASHOGGI et les tensions
entre Washington et Riyad pour tenter de faire oublier ses propres scandales en
matière d’immunité diplomatique:
Le CANADA émerge comme le
grand vainqueur moral de l’affaire KHASHOGGI. Jean-Pierre FILIU rappelle :
« qu’en août dernier, un simple
tweet de la ministre canadienne des Affaires étrangères, s’inquiétant du sort
de féministes et de « pacifistes » incarcérés en Arabie, avait déclenché la
fureur de Riyad et des rétorsions foudroyantes: expulsion de l’ambassadeur canadien;
suspensions des vols entre les deux pays; retour des milliers d’étudiants
boursiers et de Saoudiens hospitalisés au Canada; gel, voire retrait des
investissements saoudiens. MBS voulait clairement, en s’acharnant ainsi
contre le gouvernement Trudeau, envoyer un avertissement à toutes les
démocraties occidentales tentées de critiquer le régime saoudien»
Dans cette affaire criminelle
la FRANCE s’est montrée plus que réservée, se contentant de ne pas participer
au Sommet de RYAD … c’est bien le moins qu’Elle pouvait faire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les propos injurieux, racistes, sexistes, pornographiques, antisémites, islamophobes, ne seront pas publiés.
Pour signer les commentaires de vos noms/prénoms, cliquez sur le menu déroulant, et sélectionner "Nom/URL". Remplir ensuite uniquement la partie "NOM".