Un avion de ligne de la compagnie irlandaise RYANAIR a été détourné par le BELARUS afin d’arrêter un opposant au régime d’Alexandre LOUKACHENKO.
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Pour mémoire la piraterie aérienne étatique n’est pas un fait nouveau. La France elle-même s’y est trouvée impliquée le 22 octobre 1956.
Au départ de Rabat cinq dirigeants du Front de Libération Nationale (FLN) et membres du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) prennent place à bord d'un DC-3 de la compagnie Air Atlas-Air Maroc. (Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mostefa Lacheraf, Mohamed Khider et Mohamed Boudiaf). Les cinq hommes doivent se rendre à Tunis pour un sommet organisé par Habib Bourguiba. Les militaires français ne veulent pas rater une si belle occasion pour détourner l'avion et pensent-ils «décapiter le FLN».
L’Histoire leur a donné tort et n’a fait que prolonger la guerre d’Algérie.
Cet acte de piraterie n’aura pas servi de leçon aux responsables du Bélarus qui tôt ou tard devront négocier avec leurs opposants.
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Dimanche 23 mai 2021, un chasseur MiG-29 a décollé pour intercepter un avion de ligne type Boeing 737 (vol FR4978) de RYANAIR effectuant la liaison Athènes-Vilnius (Lituanie) et qui se trouvait à ce moment-là dans l’espace aérien bélarusse.
Un acte de piraterie inadmissible.
Atterrissage forcé à Minsk
Se trouvait à bord Roman PROTASSEVITCH, 26 ans, ancien rédacteur en chef de « NEXTA », influent média d’opposition au régime d’Alexandre Loukachenko qui a joué un rôle clé dans l’organisation du mouvement de protestation à la réélection en 2020 du président LOUKACHENKO, qui occupe ces fonctions depuis 1994 et réprimé depuis par les autorités.
A la suite de l’atterrissage d’urgence à l’aéroport de Minsk la police bélarusse a arrêté l’opposant Roman PROTASSEVITCH, et son amie, Sofia SAPEGA, qui se trouvaient à bord. Si bien qu’en Occident, on pense que l’ensemble de l’incident a pu être orchestré.
En novembre, les services de sécurité bélarusses avaient inscrit son nom et celui du fondateur de NEXTA, Stepan POUTILO, sur la liste des “individus impliqués dans des activités terroristes”.
Le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon COVENEY a dénoncé ce lundi 24 mai comme un acte de « piraterie étatique» le détournement par les autorités bélarusses d’un avion de la compagnie irlandaise RYANAIR, forcé d’atterrir à Minsk, et l’arrestation d’un opposant présent à bord.
Le patron de RYANAIR, Michael O’LEARY, a de son côté affirmé que des agents des services de sécurité bélarusses ont pu se trouver à bord dénonçant lui aussi un acte de « piraterie » soutenu par le BELARUS.
Selon les autorités bélarusses, une alerte à la bombe, qui s’est révélée être mensongère, est à l’origine de l’interception de l’appareil.
Le ministère des Affaires Etrangères du BELARUS a indiqué sur son site « Il n’y a aucun doute que les actions de nos organes compétents étaient en conformité avec les règles internationales », rejetant les « accusations sans fondement » de pays européens, accusés de « politiser » l’incident.
Les Etats-Unis comme l’Union Européenne ont également appelé à la libération de Roman PROTASSEVITCH, que le BELARUS avait ajouté à sa liste de personnes « impliquées dans des activités terroristes ».
L’OTAN a dénoncé « un incident sérieux et dangereux ».
Après un atterrissage à l’aéroport de Minsk et le contrôle de l’appareil, l’avion est reparti pour la Lituanie.
Un acte de piraterie inadmissible.