C’est à la fois un grand
artiste et un grand poète qui nous quitte mais il restera pour beaucoup d’entre
nous « En haut de l’affiche » pour toujours.
Il était un véritable
Ambassadeur de la culture française et à ce titre il mérite le respect. Il n’a
pas succombé aux sirènes anglo-saxonnes comme d’autres artistes qui oublient
notre langue et notre culture.
Français comme il le disait
lui-même il restait proche de ses racines arméniennes. Il était d’ailleurs l’Ambassadeur
d’Arménie auprès de l’UNESCO. Il était le défenseur infatigable de la diaspora
arménienne.
Lors du tremblement de terre
qui détruisit la ville de SPITAK au nord de l’Arménie il s’investit
personnellement et créait une Association pour venir en aide aux sinistrés. Il
écrit une chanson humanitaire « Pour Toi Arménie » et participe sur
place à l’aide aux victimes.
Né à Paris le 22 mai 1924 dans une famille
modeste d’émigrés arméniens rescapés du génocide il n’oubliera jamais cette
tragédie « Je suis de ce Peuple qui
dort sans sépulture qui n’a pas renié sa foi »
Il écrira pour le 60ème
anniversaire du génocide cette magnifique chanson « Ils sont tombés » :
"Ils sont tombés pudiquement sans bruit
Par milliers, par millions, sans que le monde bouge
Devenant un instant minuscules fleurs rouges
Recouverts par un vent de sable et puis d'oubli [...]
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu’ils étaient fautifs d’être enfants d’Arménie"
La musique était signée par son beau-frère Georges GARVARENTZ
(fils du poète Kevork GARVARENTZ, auteur de l'hymne national révolutionnaire
arménien).
Charles
AZNAVOUR s'était déclaré « soulagé après le vote de l'Assemblée Nationale reconnaissant "politiquement" au nom de la France » le
génocide arménien de 1915.
« Tout peuple, disait-il,
a le droit d'écrire son histoire et les Arméniens ont été gommés de la face du
monde ».
Dans les années 30 la famille de Charles AZNAVOUR entretien
des relations étroites avec le poète communiste arménien Missak MANOUCHIAN,
chef du groupe FTP-MOI (Francs-Tireurs Partisans-Main d’œuvre Immigrée) de « l'Affiche
rouge », exécuté en février 1944 par les nazis avec 22 autres résistants.
Ses parents et sa sœur Aïda participeront directement aux actions de
résistance.
MANOUCHIAN écrira en 1940 à la mère
d'Aznavour cette phrase prémonitoire :
« Charles sera l'honneur du
peuple arménien, et une gloire pour la France. »
A
ceux qui aujourd’hui encore s’entêtent à rappeler ses démêlés avec le fisc et
son départ pour quelques années en Suisse, précisons que la Justice française lui
a accordé un « non-lieu ».
Il a raison de dire : « L'argent
n'a jamais été mon moteur. Quand on m'en a demandé, j'ai toujours prêté, il
n'est jamais revenu ». Je peux personnellement témoigner que dans les
années 60 lors d’un concert à Tours il a fait don au Syndicat Étudiant d’une
partie des recettes de la soirée afin de soutenir nos actions.
Nous avions
sollicité son aide financière car à l’époque pour des raisons bassement politiciennes la Ville de
Tours se refusait à aider l’UNEF préférant soutenir un autre syndicat étudiant
... squelettique, mais jugé … politiquement correct.